L'inventaire général du patrimoine culturel et Tramoyes :

On peut également citer la ferme de Clairecombe datant des années 1600 et appartenant historiquement, comme la fontaine Daudé, à la famille éponyme ; enfin, une borne fontaine située quartier des Pins.

L'église Notre-Dame de Tramoyes compte elle, plusieurs éléments de mobiliers, inscrits comme objets à l'inventaire des monuments historiques ; en particulier, la statue de la Vierge située sur son parvis.

La station de radio-Lyon Tramoyes, 1934-2016

 Le général Gustave Auguste Ferrié a contribué aux progrès de la télégraphie sans fil, la TSF. En 1900, le ministre de la Guerre charge Ferrié, alors capitaine du génie, de « prendre en main » la TSF militaire française. En 1903, il crée à Paris sur le Champ-de-Mars une station TSF puis il la rend souterraine en 1910 : la tour Eiffel voisine permet d’accrocher les fils d’antennes. Cette station radioélectrique sera l’une des plus modernes d’Europe. Ferrié travaille sur les applications de la TSF dans de nombreuses disciplines : unification de l’heure, géodésie, astronomie et météorologie.

Ferrié et ses équipes produisent une lampe triode performante : la lampe TM. Ce composant, expérimenté aux États-Unis, ouvre l’ère de l’électronique et permet la transmission de paroles et de musiques par ondes hertziennes, alors que la TSF nécessite l’usage du morse.

En 1930 le général dirige la commission chargée d’organiser l’infrastructure technique de la radiodiffusion française publique : c’est le « plan Ferrié » qui conduira entre autres à la station Lyon-Tramoyes. Commandant supérieur des troupes et services de transmissions de la TSF et des transmissions militaires. Il décède à Paris en 1932. D’après le plan Ferrié, onze émetteurs devaient couvrir confortablement la France comme on peut le voir sur la carte Ferrié pour Lyon.

 

Portée de l’émetteur de Lyon d’après le plan Ferrié

Georges Mandel, alors ministre des PTT, coordonne l’opération qui comprend entre autres la station destinée au remplacement actuel de celle de Lyon-Doua. Le 22 juillet 1933, le premier coup de pioche a été donné, ouvrant les fondations de la station de radiodiffusion destinée au remplacement de Lyon-Doua. La future station sera construite sur un terrain de 3000 m2 au sommet d’un plateau dominant toute la région des Dombes. Sa puissance de 100 KW et son antenne de 220 mètres lui donneront une force égale à celle des plus grandes stations de l’Europe. Des discours ont été prononcés, entre autres par M. Célestin Penard, maire de Tramoyes (1929-37).

Le gros œuvre de la station est terminé en juillet 1934. L’installation comporte deux corps de bâtiments, un pour les appareils de l’émetteur, l’autre pour le logement du personnel. Deux bassins de 300 m3 destinés à contenir l’eau indispensable au refroidissement des appareils ont été creusés. Des puits de 10 m fourniront cette eau qui se trouve en abondance dans les sols du plateau. Quant à l’habitation du personnel, elle consistera en quatre appartements de cinq pièces avec jardins.

Le montage de l’antenne, à lui seul représente un labeur magnifique de précision. Une équipe de huit ouvriers a suffi, bien que l’antenne ne soit formée que de deux pylônes superposés de cent dix mètres de hauteur chacun. Elle pèse environ 90 tonnes et repose directement en simple équilibre sur trois blocs de porcelaine qui supportent chacun 60 tonnes. Deux jeux de douze haubans, un jeu par pylône, assurent la stabilité de l’ensemble.

La base du pylône posée sur 3 porcelaines

En juillet 1935, la station est mise en marche. Sa puissance antenne est de 100 kW et émet le soir sur 463 m. C’est alors la plus puissante station française. Un câble relie Tramoyes au nouveau studio, 47 cours Gambetta à Lyon. Un petit studio de secours est prévu à Tramoyes dans le cas très improbable où toutes les communications seraient coupées avec Lyon. Le chef du centre est alors M. Mallein. 

Tout le personnel de l'époque devant l'émetteur

La station a été gravement sabotée fin août 1944 par les troupes allemandes d’occupation avant leur départ. L'officier M. Fortsmer qui commandait les soldats allemands a ordonné à M. Marius Berger, mécanicien à Tramoyes, de scier le tendeur de haubans du pylône pour le faire tomber. Le pylône est remonté partiellement à la fin de la guerre. Il ne fait plus que 80m.

Le pylône est à terre

 

Photo de la station en 1969. On observe l’absence d’autres constructions dans ses alentours

La pleine puissance n’a été récupérée qu’en 1947, avec un nouvel émetteur de 100 kW installé par la Compagnie Française Thomson Houston et le dressage d'une nouvelle antenne d'une hauteur de 220m.

L'émetteur est remplacé dans les années 60 par un équipement plus puissant de 300 kW. Il assure la diffusion du programme de France Culture. La couverture est d'environ 300 km à la ronde. Le vieux pylône de 80 m tombe poussé par le vent dans les années 80.

Après 1995, l’émetteur fonctionne toujours en ondes moyennes, 478m, 300 kW sous le nom de Radio Bleue (en 2000 France Info a pris le relais). Alors constitué de 2 émetteurs transistorisés de 150 kW chacun, utilisés en parallèle, le site dispose encore d’une puissance de 300 kW mais qui était régulée en fonction du niveau sonore par souci d’économie d’énergie. L’émetteur était alimenté par deux lignes EDF de 20 000 volts plus un groupe électrogène de secours.

Cet émetteur a été arrêté le 3 janvier 2016, comme tous les autres émetteurs ondes moyennes de Radio France (France Info et France Bleu), afin de faire des économies de fonctionnement, les émetteurs étant très énergivores. De plus, l’audience était devenue marginale, les ondes moyennes ayant été remplacées par la modulation de fréquence (FM)

Aujourd'hui le pylône n'a plus d'utilité et sera certainement prochainement démonté. Le site n'abrite plus que quelques antennes du réseau téléphonique de Free (sur le bâtiment).

Le bâtiment accueille actuellement deux entreprises :

  1. TDF, anciennement jusqu'en 2004 TéléDiffusion de France, est un opérateur d'infrastructures et une entreprise du secteur numérique et audiovisuel. L'entreprise exploite particulièrement la diffusion radio et TNT, la couverture très haut débit mobile et le déploiement de la fibre optique.

Diffuseur et concepteur historique français de réseau télécoms, TDF poursuit ses activités de diffusion radio et TNT, tout en se plaçant aujourd'hui dans le sillon des nouvelles technologies numériques entre autres, TNT connectée, vidéo à la demande, télévision de rattrapage, RNT, médias sur le web. Ses filiales lui permettent de s'impliquer dans des domaines tiers tels que la radio numérique, la diffusion web, l'information trafic en temps réel...

Le site de Tramoyes, avec un effectif d'une dizaine de personnes a en charge la gestion technique des infrastructures des départements du Rhône, Ain et Loire. Les techniciens chargés de maintenance, qui autrefois prenaient leur service à Tramoyes, n'ont aujourd'hui plus de base. Ils ont un véhicule de service équipé et sont déclenchés directement depuis leur domicile.

 

  1. ITAS, filiale du groupe TDF. Cette société assure les études, la conception, l'installation ou encore la maintenance d'infrastructures de sites radio.

Article composé par JM. MERMET et JP. CHOPIN à partir notamment des références ci-dessous

Le domaine de Glettin et l’étang du Chatel

 

Entre le chemin de la Mouche et la rue de Glétin se trouve une grande parcelle au milieu de laquelle on peut voir un monticule arboré assez important. Que recouvre-t-il ?

Photo prise du Chemin de la Mouche

En fait cette partie de Tramoyes a connu un passé ancien d’une part par l’influence de la famille Gletteins, d’autre part par la présence de l’étang du Chatel au 19e siècle

Le chapitre de la métropole (cathédrale St Jean) de Lyon jouissait, à Tramoyes, de quelques droits qui lui avaient été cédés, le 31 mars 1438, par Méraud de Francheleins, seigneur de Gletteins. Il est fils d’Humbert et d’Antoinette de Gletteins, et petit-fils d’Henry. Ils descendent de Guigue de Glettins (Gleteins, Gletteins, Glétin, Glétins, Glétain) au 13e siècle. Son testament date du 22 nov 1445 (Histoire de la souveraineté des Dombes, S. Guichenon, 1662, pages réelles 622-623).

Louis Chapuis et le plan terrier

Les Chappuis (Chapuis) remontent au moins à Jean Chappuis (testament du 20 oct 1490), marié en 1430 avec Jeanne de Chaumont (contrat de mariage du 3 août 1430). Margnolas et Glettins sont déjà sous la forme de seigneuries démembrées, acquises par la famille Chappuis au 15e siècle. Le 15 mai 1690, Louis Chappuis, seigneur de Margnolas et de Glétin, écuyer, conseiller au parlement de Dombes, achète la seigneurerie de Tramoyes, transaction passée avec Gabrielle Joubert de Barraul(t), veuve de Noël de Saulx, marquis de Miribel. La seigneurie de Tramoyes est donc détachée du Marquisat de Miribel. On a plusieurs confirmations comme l’acte de Tramoyes du 9 mai 1693 (acte BMS 1692-96/5) où Etienne Paccard, capitaine et chatelain royal de la terre et seigneurie d’Echez, procureur et marquisat de Miribel et Neuville, et greffier de Margnolas, Tramoyes et Glettins, est parrain. On a une autre confirmation le 8 sept 1698 (acte Tramoyes BMS 1696-98/12), parrain, le haut et puissant seigneur Louis Chapuis, seigneur de Margnolas, de Glétain et de Tramoy. En janvier 1746, Louis XV confirme le titre de marquis et la réunification des terres de Margnolas , Tramoyes, de Gletin, avec celles de Miribel, en vertu des services rendus au roi par Louis Chapuis et ses auteurs depuis le XIIIe siècle.

Au 18e siècle sont créés les plans terriers permettant de connaître les propriétaires des parcelles, ainsi que leur situation (paroisse, lieu-dit, rue, etc.), leurs confins et leur nature (terre, pré, bois, vigne, grange, habitation, etc.). Le terrier est un recueil d’actes, ou reconnaissances, passés devant notaire par les tenanciers du seigneur à une époque donnée. Malheureusement, la révolution de 1789 a conduit à la destruction systématique de ces plans. La conservation du plan terrier dû à Louis Chappuis comprenant Tramoyes et datant des années 1750s est donc inespérée.

Extrait du plan terrier (orienté vers l’est)

Du plan terrier on peut extraire la partie concernant Glétin. Les batiments appartiennent au Seigneur de Gletins, et plus au nord se trouvent les vestiges du château de Glétin (masure du vieux château de Glétin). Le château n’existait donc plus en 1750.

A noter que le plan Daudé de 1769 exclut la zone de Gletin.

En 1767, Jean Marie Delafont, seigneur de Juis, vend le 4 juillet la Seigneurie de Miribel à Damien de Puis du Roquet, écuyer du Roi, mais en conservant les terres de Margnolas, Masse et Gléteins. En 1774,  dénombrement du fief de Glettins.

Claude Aimé Vincent de Margnolas est né en 1735, St Etienne. Il se marie avec Marie Sabine Victorine Mayeuvre de Champvieux en 1773, Lyon Ainay (AD 01, BMS 71-80/156). Claude Aimé achète Margnolas en 1780, et en devient le seigneur. Sans que cela soit mentionné, il récupère également la seigneurie de Tramoyes. En 1790, d’après les délibérations du conseil municipal, il possède à Gletin une maison, cour et jardin (cote  010). Le 20 janv 1793, il fait parti des principaux contributeurs de Tramoyes (cote 081).Victime de la Terreur, Claude Aimé est guillotiné le 18 déc 1793, à Lyon, place de la Liberté (Terreaux), car possédant un château (celui de Margnolas). Claude Aimé a eu seul un enfant, Etienne Vincent de Margnolas, né en 1781, Lyon, décédé en 1809, Paris. En exécution des lois des 4 floréal et 21 prairial an 3, ceux des biens de M. de Margnolas ont été rendus à son fils. On en retrouve une partie lors de la délibération du 16 nivose an XI (6 janv 1803, cote145), mais Gletin n’est pas mentionné.

Cadastre dit de Napoléon

Le cadastre napoléonien montre la présence des bâtiments de Gletin. A l’ouest apparaît une zone appelée  « En Rue neuve », mais sans liaison directe avec Gletin. On voit surtout la présence nouvelle d’un étang dit du Chatel (i.e. Château). En bas de l’étang, la présence d’un chemin qui sera plus tard appelé de la Mouche. Il est mentionné plusieurs fois au 19e siècle que l’on peut voir des ruines de forme octogonale qui remontent tout au plus au XIVe siècle lorsque l’étang est asséché.

Extrait du cadastre napoléonien 1815-20

Joseph Prosper Hyppolite Barrin

Né le 21 oct 1779, Beaurepaire, 38, décédé le 18 juil 1842, Peyraud situé en Ardèche. On peut se demander quelle est la liaison entre Hyppolite et Tramoyes pour avoir acquis un grand nombre de terrains, dont les parcelles du plan napoléonien 227-229 (maison avec cours, verger, jardin à Gletin), et 194-195 (l’étang de Chatel).

En 1876, vente partielle :

En 1884, François Pelossier est propriétaire de la maison de Glétin (AD 01, 3P3361/13). Il est alors le successeur de Henri Joseph Hyppolite de Barrin (1846-1916), petit fils de Joseph Prosper. Henri Joseph est mentionné (AD 01, 3P3358, pp 11 et 68) dans les années 1880 comme propriétaire de la maison de Gletin et du lac de Chatel.

En 1895, Jean Heraut, géomètre à Tramoyes, est propriétaire de la maison de Gletin (AD 01, 3P3361/49).

Jean a été maire de Tramoyes entre 1900 et 1919. Né en 1859 à Tramoyes, il est décédé dans le même lieu en 1922. Son épouse, Marguerite Juste, héritera du bâtiment du Glétin (cote 322 dans le relevé des propriétaires de 1933, AD 01/1660W35). Marguerite est décédée entre 1936 et 1938.

Extrait du plan cadastral de 1933, en Chatel

A noter que le frère de Jean, Joseph Heraut (1861-1932) est également propriétaire à Tramoyes (La Tour, la Bruyère…).

En 1933, on peut voir sur le plan cadastral rénové l’absence de l’étang du Chatel, bien que le nom « En Chatel » soit encore utilisé. Sur ce plan cadastral apparaissent en filigrane les limites de l’ancien étang. La Rue Neuve est prolongée jusqu’au Glétin. D’après le plan, le champ où se situe le monticule appartenait en 1933 (cote 443) à Pierre Morellon (1876-1951). Pierre a épousé en 1913, Marie Pelossier (1881-1968), fille de François, déjà mentionné.

Extrait du plan cadastral de 1933, Gletin et la rue Neuve

Il semble donc bien que le monticule actuel (son origine ?) recouvre les anciennes ruines du château de Glétin.

L’orthographe des noms propres est tel qu’il était au moment de leurs utilisations, avec des variations pouvant être importantes (Gletin…, Chapuis,…)

A noter qu’au moins jusqu’à environ 1850, on écrivait Tramoy ou Tramoye (délibérations municipales)

AD01 : archives départementales de l’Ain

Cote : numérisation des délibérations du conseil municipal